La croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) en 2019 a été plutôt faible, 0,8%.  Le ralentissement de cette année accentue la tendance des années précédentes (1,4% en 2018 et 1.3% en 2017). Cette tendance apparait nettement le BTPH, et les services, marchands ou non marchands. Le taux de l’industrie se relève légèrement.  Les hydrocarbures poursuivent leur baisse, alors que l’agriculture connait une croissance modérée, mais une forte remontée au quatrième trimestre.

Le faible taux de l’agriculture s’explique par une baisse au troisième trimestre imputable au fait qu’en 2018 la production céréalière avait atteint un niveau record (60 millions de quintaux), qui n’a pu être renouvelée en 2019, même si elle a été une très bonne année aussi (56 millions).

Tableau 1 : Evolution trimestrielle des valeurs ajoutées sectorielles (par rapport au trimestre -4)
  T1 T2 T3 T4 2019 valeurs
Agriculture, sylviculture et pêche 2,7 2,8 -1,2 4,9 2,3 2429,4
Hydrocarbures -7,1 -8,3 1,5 -5,3 -4,9 3910,1
Industries 4,9 4,6 4,6 3,3 4,3 1198,4
BTPH y compris STPP 2,9 3,5 3,5 4,3 3,6 2481,4
Services marchands 4,8 3,1 2,6 1,8 3,1 5581,9
Services non marchands et non productifs(*) 1,8 2,3 0,9 2,3 1,8 3120,2
TVA 4,6 0,7 -3,4 -8,5 -1,7 1238
Droits et taxes à l'importation 1,6 3,5 -0,6 -9 -1,2 328,9
Produit intérieur brut (PIB) 1,3 0,4 1,3 0,2 0,8 20288,4
PIB hors  hydrocarbures 3,5 2,9 1,4 1,8 2,4 16378,3

(*) Banques et assurances et affaires immobilières
Unités : % et valeurs en milliards de DA
Source : ONS

La faible croissance globale s’explique par une faible dynamique de la demande. La consommation s’est limitée à 1,9%, aussi bien chez les ménages que les administrations.  La croissance de l’investissement s’est fortement ralentie, 1%, après 3% en 2018. Enfin toutes les composantes des exportations ont enregistré de fortes baisses en volume : les hydrocarbure, les autres marchandises que les hydrocarbures, et enfin les services. 

Du côté de l’offre, la croissance du PIB a été fortement ralentie comme on vient de le voir. Mais l’évolution des importations de marchandises a été aussi  fortement négative (-7%).   Les importations de services ont crû modérément.

Tableau 2 : Evolution trimestrielle des composantes de l’équilibre emploi-ressources (par rapport au trimestre -4)
  T1 T2 T3 T4 2019 Valeurs
Le PIB 1,3 0,4 1,3 0,2 0,8 20288,4
Importations 4,4 -1,9 -8,7 -16,2 -5,7 5979,9
     Biens 4,4 -2,7 -10,6 -19,6 -7,2 5079,9
     Services 4,6 2,2 1 0,6 2,1 900,1
Consommation finale 2,4 1,6 2 1,6 1,9 12694,3
     Ménages 2,4 1,3 2,6 1,3 1,9 8920,1
     Administration publiques 2,5 2,2 0,7 2,1 1,9 3774,3
Formation brute de capital fixe 5,1 1,7 -0,5 -2,2 1 8207,5
Variation de stocks           782,7
Exportations -8,4 -9,7 1,4 -5,7 -5,7 4579,3
     Hydrocarbures -9,8 -9,2 2,9 -5,9 -5,7 3981,7
     Autres biens 5,1 -4,3 -4,9 -13,7 -4,7 245,9
     Services -3,7 -16,4 -7,3 2,4 -6,5 351,7

Unités : % et valeurs en milliards de DA
Source : ONS

Ces données offrent une image mitigée de l’évolution de l’économie algérienne en 2019. En premier la faible dynamique de la demande. Côté consommation des ménages  de nombreux facteurs expliqueraient l’évolution : stagnation de l’emploi et des revenus, notamment salariaux, inquiétudes nées du hirak et qui aurait poussé à différer la consommation. La faible croissance la   consommation des administrations publiques reflète, elle, la stagnation du budget de fonctionnement[1] . La faible croissance de la FBCF, liée à une faible croissance du budget d’équipement, mais aussi à la stagnation probable des investissements des grandes entreprises publiques de l’énergie , Sonatrach et Sonelgaz.  L’évolution des importations de biens d’équipement en 2019 montre une très forte baisse, qui indique que la baisse de l’investissement n’a pas touché l’équipement public seulement. Les importations de biens d’équipements agricoles, évaluées en dollars, ont ainsi baissé de 19% et celles de biens d’équipement industriels de 20%. Ce qui est bien entendu considérable.  Ceci, malgré une très forte pression à la baisse des importations de marchandises par l’administration. Cette baisse des importations par des mesures administratives se reflète d’ailleurs dans la croissance du secteur industriel, qui a profité de cette opportunité pour regagner quelques parts de marché.

 Pour l’année 2020, il est clair que la croissance sera négative pour le deuxième trimestre. L’évolution pour le deuxième semestre dépendra de la durée du confinement et des modalités que prendra le dé-confinement.  Mais il faut s’attendre en l’absence d’aides plus importantes aux entreprises qu’il n’a été annoncé jusqu’à présent, que la reprise sera assez lente. On peut espérer qu’elle se concrétise au quatrième trimestre, ce qui pourra peut-être donner une croissance importante à ce trimestre en comptent sur un effet de rattrapage, mais cela reste plus un scénario qu’autre chose, l’évolution dépendant très fortement de la réponse que donneront les autorités.  La loi des finances complémentaire en préparation nous donnera les éléments d’information nécessaires. Les prévisions du FMI dans le cadre de son exercice semestriel de prévisions de l’économie mondiale, tablent sur une baisse du PIB en Algérie de 5,6% en 2020, qui sera suivie d’une remontée de 6,2% en 2021. Le PIB hors hydrocarbures verra une chute de  2,3% en 2019, pour remonter ensuite avec  4.9%.  Mais il ne s’agit, ici, aussi que d’un scénario parmi d’autres.


Notes:

  1. ^ La consommation des administrations reflète en fait la rémunération des salariés de l’administration ainsi que les consommations intermédiaires.