L’inflation en mars, en glissement annuel, c’est-à-dire l’indice de mars 2020 rapporté à celui de mars 2019, a crû modestement d’un peu plus de 2%.  Après 1,8 % en février. Mais ceci cache des évolutions divergentes.  La faiblesse de l’augmentation du niveau général est imputable, tout comme en février, à la baisse des prix des produits agricoles frais et à la stagnation de ceux des produits alimentaires industriels.  L’indice des services a lui assez fortement augmenté avec 3,5%. Celui des produits manufacturés s’est maintenu au rythme élevé de février, 5%.   La baisse des prix des produits agricoles frais a été amorcée depuis avril 2019. La stagnation des produits alimentaires industriels date aussi de cette période.  Le rythme de l’inflation dans les biens manufacturés et les services a par contre été relativement élevé depuis plusieurs années, même si on observe des différences d’une période à l’autre.

 En avril le faible rythme de l’inflation va certainement se poursuivre. La hiérarchie précédente va se renverser, les prix des produits agricoles frais et des produits alimentaires en général,  risquant de remonter du fait d’une forte demande liée au confinement et au ramadhan alors que ceux des autres produits industriels mis à part ceux des produits d’hygiène et de santé, vont stagner, en raison soit de l’arrêt momentanée de l’activité ou de la faible demande. Il en est de même pour les services. Au mois de mai on assistera sans doute au même scénario au cours de la première quinzaine, mais aussi une flambée des prix sur certains produits en liaison avec l’Aïd, notamment l’habillement. Mais ce sera sans doute au mois de juin, que vont s’affirmer de nouvelles tendances de l’inflation avec le dé-confinement. Du côté des ménages, cette période sera marquée par un effet de rattrapage des achats sur de nombreux produits pour ceux qui auront été peu affectés par le confinement, mais un tassement pour les ménages qui auront été affectés. Mais affectés ou non, les ménages vont sans doute modérer leurs achats en raison de l’incertitude sur l’avenir. En effet, la crise sanitaire sera loin d’être terminée. Ce sera la période aussi où des achats importants se profilent : mouton de l’Aid, vacances, rentrée scolaires.  La revalorisation du SMIG et le relèvement du seuil d’imposition de l’IRG ainsi que la revalorisation des retraites viendront sans doute donner un coup de pouce à la demande, mais il sera loin de compenser les pertes engendrées chez une proportion importante des ménages : salariés du secteur privé, artisans et profession libérales, patrons de PME, secteurs informels auront tous été impactés à des degrés divers par l’arrêt ou le ralentissement de plusieurs activités.  Les revenus des ménages se ressentiront aussi de la faiblesse de la demande globale liée à la compression de la dépense publique qui s’annonce avec la loi des finances complémentaires.