Ecotechnics a réalisé un sondage par téléphone auprès des algériens adultes à la fin juin-début juillet. Des questions leurs ont été posées notamment sur la manière dont ils respectaient  les règles de prévention et leurs occupations[1].

La crise sanitaire et le confinement devaient théoriquement  obliger les algériens à adopter de nouveaux comportements à l’extérieur et à adapter leurs activités dans leur domicile.  Qu’en a t il été exactement ?

Concernant la présence à l’extérieur les comportements  des hommes et des femmes sont radicalement opposés. Le confinement a en effet  accentué la présence des femmes à la maison  et moins touché la présence des hommes à l’extérieur.

 

 Si on peut comprendre que la présence à l’extérieur ou à la maison, à fortiori dans des domiciles qui ne le permettent pas vraiment, d’autres variables montrent aussi, que les femmes sont plus portées sur la prévention.

Les femmes se distinguent aussi par une très grande majorité qui porte toujours un masque lorsqu’elles sont à l’extérieur (90%). La proportion atteint 94% quand on rajoute celles qui le portent souvent, les autres le portent de manière moins systématique : chez quelques-unes  jamais (2,5%) ou bien parfois (3,5%) . Les hommes   qui sortent à l’extérieur sont dans une proportion beaucoup moindre porter toujours le masque (68%). Mais la proportion atteint quand même plus de 80% lorsqu’on y a joute ceux qui le portaient souvent. Mais il y a une bonne proportion d’irréductible qui ne le portent que parfois, ou même jamais (près de 20% pour les deux modalités réunies).

Concernant le maintien d’une distance avec les autres personnes, si les proportions sont à peu près les mêmes que pour le masque pour maintenir  la distance toujours ou souvent,  la première modalité baisse au profit de la seconde, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.  Mais il y a toujours le même noyau d’irréductible qui ne respecte pas les gestes de préventions, avec des 10% des femmes qui sortent et 20% des hommes, qui ne respectent jamais la distance, ou bien seulement parfois.

La même remarque vaut pour le lavage des mains, avec une forte proportion des personnes qui sortent qui le font toujours (plus de 93% chez les femmes et presque 90% chez les hommes). Respectivement 97% et 95% lorsqu’on y ajoute la modalité « souvent ».  Le camp de ceux qui ne respectent pas l’instruction diminuant ici fortement.

Les occupations des algériens lors du confinement font apparaitre beaucoup de surprises notamment de la part des hommes.

 

La proportion de personnes s’adonnant à des discussions au téléphone dans le contexte du confinement est naturellement assez élevée. Et que cela touche légèrement plus les femmes que les hommes n’est pas étonnant ces dernières étant largement plus « confinées ».  La proportion d’individus s’adonnant aux activités liée à internet témoigne, elle, est importante et s’est sans doute accentuée avec le confinement. La proportion de femmes est assez proche de celles des hommes.  La lecture de livres et de journaux, est, en, proportion quasiment la même pour les hommes et les femmes, et elle parait relativement élevée dans une société sensée avoir perdu le gout de la lecture. A moins que cela ne soit un effet direct du confinement.  La proportion de personnes regardant la TV est très élevée, c’est en fait l’activité qui touchait aussi le plus grand nombre de personnes aussi bien chez les hommes que chez les femmes et dans des proportions très proches. Les discussions entre les membres de la famille, arrivent  juste après la télé en terme de proportion, et juste avant les discussions au téléphone.

Deux activités font apparaitre des différences sensibles : les jeux, qui enregistrent une proportion appréciable chez les hommes (près de 33%),  mais beaucoup moins chez les femmes (15%). A l’inverse le suivi de programmes scolaires sous n’importe quelle forme a plus les faveurs des femmes que des hommes (24% contre 12%).

Phénomène assez surprenant le télétravail enregistre une proportion relativement élevée, 10%, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.  Si cela s’avérait, cela constituerait une assez grosse surprise. Il toucherait en effet près de 3 millions de personnes entre hommes et femmes, ce qui est loin d’être négligeable. Une analyse détaillée montre toutefois que si la pratique du  télétravail est plausible le chez  1,4 millions de travailleurs hommes ou un peu moins de 300.000 femmes, la notion de télétravail pourrait avoir été mal comprise comme chez les femmes au foyer ou les étudiants, ou même les chômeurs.

Autre phénomène surprenant, le nombre d’hommes qui se sont occupés de tâches domestiques ou qui se sont occupés des enfants, et qui sont des tâches habituellement dévolues aux femmes : 17% des hommes pour les tâches domestiques et 30% pour s’occuper des enfants. Jusqu’à il y a peu de temps. Ces deux tâches sont habituellement toutes dévolues aux femmes.

Enfin les algériens ont pratiqué d’autres activités durant ce confinement avec une fréquence plus ou moins importante. Les plus cités sont le jardinage ou l’agriculture, la récitation du coran, le bricolage ou la rénovation de la maison, la couture, le dessin, le sport, ou les promenades.


Notes:

  1. ^ Le sondage a été réalisé du 20 juin au 6 juillet, de manière aléatoire dans la population algérienne possédant un téléphone une ligne de téléphone. Des redressements ont été faits pour tenir compte de l’âge et du genre. En raison du caractère novateur du sondage par téléphone, de nombreuses comparaisons ont été faites avec les données de l’ONS notamment les résultats de l’enquête emploi de mai 2019 pour vérifier la qualité des données obtenus. Ces comparaisons ont montré que ces résultats peuvent être considérés comme fiables.