La crise sanitaire a profondément impacté les ménages mais aucune donnée n’a été publiée à ce sujet, à supposer que des données aient été produites. Le cabinet ECOtechnics a réalisé un sondage par téléphone à la fin juin- début juillet à ce sujet[1]. Ci-dessous une vue d’ensemble de la situation des ménages durant le confinement partiel.
Comme on le sait, dans l’administration et le secteur public, bien que plus de 38% des travailleurs aient arrêté leur travail, les salaires ont continué à être versés, même si ce n’est pas entièrement quelquefois, malgré les fermetures de certains organismes administratifs ou des entreprises publiques (Voir notre article Impact de la crise sanitaire sur le monde du travail). Mais le secteur public, administration et entreprises publiques réunies, ne constituent que le 1/3 environ de la population occupée. Dans le secteur privé, une proportion importante des entreprises employant des salariés, ou des indépendants, formels ou informels, ont arrêté leurs activité avec de nombreux licenciements sans indemnités, des arrêts de travails sans salaires ou bien l’arrêt des activités sans revenus pour les indépendants. Ceci ne va pas sans répercussions sur la situation des ménages.
La proportion de ménages sans ressources pour assumer les besoins courants, durant le confinement a été très élevée, soit près de 27%. Soit approximativement 2,4 millions de ménages, sur près de 9 millions. Ces ménages regroupaient une population d’approximativement 11,36 millions de personnes.
Pour subvenir à leur besoins courants, ces ménages ont accédé à des ressources diverses. Ce sont d’abord des ressources d’emprunt dans l’entourage ou bien le crédit chez les commerçants. Vient ensuite l’aide familiale, bien avant l’aide des voisins, ainsi que d’autres ressources. L’aide de l’Etat semble avoir touché assez peu de ménages[2]. L’aide de l’Etat est entendue, ici, au sens de l’aide directe, et non des mesures qui sont venus par la suite fortement soulager la situation des ménages, comme le relèvement du seuil d’imposition à partir du mois de juin. Certaines aides directes telles celles pour les indépendants mises en place au mois de juin ne semblent pas avoir été entièrement versés à ce moment-là.
27% des ménages déclarent qu’ils avaient une épargne avant le confinement, qui pouvait donc les mettre à l’abri des besoins courants. La moitié de ces ménages ont affirmé qu’ils ont puisé dans leur épargne durant cette période. La capacité des autres ménages à subvenir à ces besoins est liée à l’existence ou non d’un revenu.
Notons enfin qu’une petite proportion des ménages, un peu moins de 10%, a épargné au cours de cette période. On aurait pu bien entendu s’attendre à une proportion plus importante tenant compte de la réduction des besoins courant lors du confinement : transport, habillement, loisirs, équipement. L’explication réside bien entendu dans la diminution des revenus d’un nombre très important de ménages comme on l’a vu avec les arrêts de travail de nombreux occupés.
Notes:
- ^ Le sondage a été réalisé du 20 juin au 6 juillet, de manière aléatoire dans la population algérienne possédant un téléphone une ligne de téléphone. Des redressements ont été faits pour tenir compte de l’âge et du genre. En raison du caractère novateur du sondage par téléphone, de nombreuses comparaisons ont été faites avec les données de l’ONS notamment les résultats de l’enquête emploi de mai 2019 pour vérifier la qualité des données obtenus. Ces comparaisons ont montré que ces résultats peuvent être considérés comme fiables.
- ^ Même si on peut admettre une assez grande incertitude de nos résultats tenant compte à la fois au fait que nous n’avons pas spécifié la nature de cette aide, ou le canal qu’elle a emprunté, et qu’il y a bien entendu l’erreur inhérente à l’estimation elle-même.