Les prix pétroliers sont dans une phase ascendante depuis début Aout, retrouvant leur niveau d’avant la crise du Covid au cours de la deuxième semaine de février.  Ceci s’explique bien entendu par les bonnes nouvelles sur le front sanitaire et d’une reprise mondiale déjà bien entamée en chine.

 

La question qui se pose est jusqu’où ce mouvement peut-il se poursuivre et la hausse est- elle durable. Rappelons que la loi des finances 2021 a été bâtie sur une hypothèse de prix pétroliers de 40 dollars, c’est dire que la poursuite d’un tel mouvement bouleverse assez profondément l’équilibre budgétaire de 2021.

L’évolution des prix dépend de l’offre et de la demande et de facteurs conjoncturels qui peuvent avoir un impact sur l’un de ces deux éléments. 

L’offre dépend aussi des prix, qui, selon le niveau atteint vont déterminer l’importance que prendra le pétrole de schiste sur le marché ainsi que le rythme d’adoption des énergies renouvelables.

La demande est directement liée à la croissance mondiale, quoique de manière non linéaire en raison de la localisation de la croissance et de l’inégalité des mouvements de substitution et d’amélioration de l’efficacité énergétique selon les zones géographiques. Les dernières prévisions du FMI en janvier tablaient sur une croissance mondiale de 5,5% en 2021 et de 4,2% en 2022, après une contraction de 3,5% en 2020. L’agence internationale de l’énergie, toujours en janvier, prévoyait une demande supplémentaire de 5,5 millions de B/J par rapport à 2020 pour atteindre 96,6 millions de BJ.  La baisse de la demande en 2020 aura été de 8,8 millions de B/J.

En 2020 la baisse de l’offre aura été de 6,6 millions de B/J. provenant à la fois des pays de l’OPEP+ et des producteurs de pétrole de schiste. Les pays de l’OPEP+, en particulier l’Arabie Saoudite se sont engagés à limiter leur offre supplémentaire, dans le même temps ou les compagnies productrices de pétrole de schiste semblent plus orientées à améliorer leurs marges pour se désendetter qu’à sauvegarder leurs parts de marché.

Pour 2021, les éléments semblent donc réunis pour que les niveaux des prix pétroliers restent à un niveau relativement élevés, au-dessus de 60$ pour le Brent. A terme les choses paraissent plus incertaines.

Au fur et à mesure que la demande reprendra, les tensions vont sans doute réapparaitre au sein de l’OPEP et la discipline observée jusqu’à présent risque de voler en éclats à tout moment.  Il faut noter aussi que depuis la conjoncture apparue en 2014 les investissements pétroliers hors schiste ont marqué le pas.  L’année 2020 a sans doute aussi éliminé de nombreuses capacités de pétrole de schiste, mais il existe des capacités inutilisées et rapidement mobilisables. Enfin, au-delà de 2022, la croissance mondiale va marquer le pas en raison des niveaux d’endettement très élevés atteints par de nombreux pays de l’OCDE après la mise en œuvre des programmes de soutien à leurs économies lors de la crise sanitaire. Il faut compter aussi sur l’accélération de la croissance de l’offre d’énergie renouvelable qui va sans doute limiter la demande pour le pétrole. Au total, autant à court qu’à moyen terme il y a des facteurs qui jouent en faveur d’une croissance ralentie de la demande pétrolière et d’une évolution incertaine des prix.